Euloge AWEDE,
Entrepreneur agricole, Trésorier Général de l’ANASEB est le tout premier invité de cette nouvelle rubrique où des personnes ressources du secteur viendront partager avec nos lecteurs et internautes leur expertise sur un sujet bien précis.
Au menu de l’échange, la semence au Bénin et son importance dans la chaine de production.
Il est reçu par notre conseillère en agriculture digitale : Stéphanie HOUSSOU.
AgroSfer : Qu’est-ce l’ANASEB ? Et depuis quand existe-t-elle ?
M. AWEDE : L’ANASEB, c’est l’Association Nationale des Semenciers du Bénin. Elle a été créée en 2006.
AgroSfer : Qu’est-ce qui a motivé la création de l’association ?
M. AWEDE :
Le milieu de la production de semence certifiée jusqu’à la création de l’ANASEB était réservé à l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB). Il apparaissait donc inévitable de mettre sur pied un creuset qui devrait permettre aux semenciers d’agir d’une voix commune et avec plus d’efficacité.
AgroSfer : Qu’est-ce qui fait la particularité de l’ANASEB ?
M. AWEDE : Il faut déjà dire que notre association est la première du nom dans toute l’histoire du Bénin. Un regroupement par les semenciers et pour les semenciers. Nous avons été les pionniers avant que d’autres ne suivent et occupent le terrain aujourd’hui.
Ce qui fait notre force, c’est que nous mettons un accent particulier sur la formation des multiplicateurs de semence en milieu paysan. Nous veillons sur les différents paramètres de production, de sélection et de conditionnement des semences. Nous accompagnons également les producteurs semenciers dans les procédures d’obtention d’agrément et de certification.
AgroSfer : M. AWEDE, depuis le début de cet échange, vous avez beaucoup utilisé le mot ‘’semence’’. Que faut-il en retenir ?
M. AWEDE : D’entrée, il faut dire que la semence, c’est une graine, ou autre partie d’un végétal, apte à former une plante complète après semis ou enfouissement. On peut donc en déduire qu’elle revêt une importance en agriculture. C’est le 3ème maillon de la production agricole après la terre et l’eau.
AgroSfer : Et quand on parle de semence ‘’paysanne’’, on fait allusion à quoi ?
M. AWEDE : La semence paysanne provient des populations locales. Elles sont produites, gérées et triées par des agriculteurs qui s’occupent également de leur conservation.
AgroSfer : M. AWEDE, semence paysanne se dit souvent par opposition à la semence améliorée. Dites-nous plus sur la différence entre les deux s’il vous plaît.
M. AWEDE : Retenez que la semence paysanne est celle qui assure l’autosuffisance et la sécurité alimentaire. Il faut dire que celles qui sont produites dans les centres de recherche et autres instituts ne sont généralement pas disponibles à bonne date. Le paysan se tourne donc vers les graines de la campagne précédente pour les premières activités de semi.
AgroSfer : En résumé, quelle est la grosse différence entre les deux types de semence ?
M. AWEDE : Les semences paysannes sont plus résilientes, plus endurantes vis-à-vis des changements climatiques que les semences améliorées vu qu’elles sont produites sur place.
AgroSfer : Y-at-il tout de même des mécanismes d’accompagnement pour améliorer les performances de la semence paysanne ?
M. AWEDE : Evidemment. Les semenciers sont formés sur la nécessité de veiller à la pureté de la semence. Ils sont aussi sensibilisés sur leur devoir de respecter les normes internationales en terme de culture des semences.
AgroSfer : Dans l’opérationnalisation, y a-t-il des filières qui ont plus adopté la semence paysanne que d’autres ?
M. AWEDE : Je parlerai surtout du cassoulet, du voandzou, du niébé, du sorgho, du mil, du manioc, des pommes de terre, etc.
AgroSfer : Quelles sont les occasions au travers desquelles, vous vulgarisez les activités de l’ANASEB ?
M. AWEDE : Les foires, les campagnes promotionnelles, les formations, les moments de réseautage entre paysans et producteurs.
AgroSfer : Pour devenir membre de l’ANASEB, faut-il remplir des critères ?
M. AWEDE : Non du tout. Il suffit tout simplement d’être producteur de semences et d’avoir un site d’exploitation valide. Nous à l’ANASEB, on vous aide même à vous enregistrer. C’est aussi là l’une de nos plus grandes forces.
AgroSfer : Un mot à l’endroit de AgroSfer avec qui vous collaborez.
M. AWEDE : Avec l’accompagnement de la plateforme AgroSfer, nous sommes convaincus que l’accès au marché de nos producteurs sera beaucoup plus facile. Cette difficulté reste en effet un véritable problème pour nous. Nous entendons également être plus productifs et performants en terme de rendements. C ’est donc un partenariat gagnant-gagnant dont nous sommes particulièrement ravis et que nous appelons à se pérenniser.